Extrait:
« Nous ramassons les cheveux tombés par terre pour les jeter dans le seau jaune que nous plaçons devant la porte. Lorsqu’il est plein, le seau disparait pour reparaître le lendemain vide et propre.
Maman dit que nos cheveux sont une plaie, qu’ils poussent excessivement vite, et que ceux des enfants normaux c’est autre chose, il n’y a pas besoin de les raser, ils sont beaux et sains. Nous pouvons seulement imaginer la chose: approcher les enfants qui vivent à l’extérieur nous est formellement interdit. Ils nous feraient du mal.
Et nous les tuerions.
Nous sommes un danger les uns pour les autres, notre rencontre provoquerait un chaos. Si nos cheveux poussaient librement, dit maman, les autres enfants les tireraient jusqu’à nous arracher la tête. Elle hoche la tête gravement lorsque nous osons regarder la porte avec dans les yeux autre chose que de la résignation. Nous savons que l’équilibre est fragile et que nous n’avons d’autre choix que de le conserver. Alors nous laissons le seau jaune partir, plein de ce que nous sommes, en nous efforçant de ne pas nous figurer le trajet qu’il parcourt. Si c’est un mètre ou bien cent. Cela ne doit pas nous perturber, ce serait trop douloureux. »
4ème de couverture:
Ils vivent dans un « terrier ». Les enfants, la mère. Protégés de la lumière du jour qu’ils redoutent. Sales et affamés, ils survivent grâce à l’amour qui les réchauffe et surtout grâce à Aleph, l’immense, le père, qui les ravitaille, les éduquent et les préparent patiemment au jour où ils pourront sortir. Parce que dehors, il y a des humains. Parce qu‘eux sont des monstres, et que tant qu’ils ne seront pas assez forts pour les affronter, ils n’ont aucune chance.
Mais un jour Aleph ne revient pas, un jour les humais prédateurs viennent cogner à leur porte. Alors, prêts ou pas, il va falloir faire front, sortir, survivre.
Pendant ce temps, dans une chambre d’hôpital, un homme reprend conscience. Une catastrophe naturelle sème la panique dans la région. La police, tous les secours sont sur les dents. Dans ce chaos, l’homme ne connait qu’une urgence : regagner au plus vite la maison où on l’attend.
Ce que j’en pense…
Chaque sortie d’un Maud Mayeras est une fête, un événement.
Chaque sortie, je me retrouve comme un enfant le jour de Noël à attendre mon plus beau cadeau. Les yeux qui pétillent sans même lire le 4ème couverture.
Par contre, chaque sortie est une appréhension en tant que blogueuse puisque chroniquer un Mayeras est, d’emblée, mission impossible tant la force, la puissance des mots est indescriptible.
Maud, c’est avant tout une plume, un style. Des mots sur des maux précis et incisifs. Ni trop, ni trop peu, juste ce qu’il faut pour te bousculer, t’atteindre au plus profond de ton âme, au plus profond de ton bide pour faire remonter une boule au fond de ta gorge. Des mots écrits avec les tripes, avec tout ce qu’elle est et ressent au point où, à chaque fois, je me dis que l’enfantement doit être, pour elle, terriblement douloureux ou incroyablement libérateur.
Les monstres est un récit indescriptible. C’est un émotionnel à vif, brut et sans concession. C’est une histoire terrible qui m’a fait penser à « Room » d’Emma Donoghue mais en mieux. Si si je te jure ! En mieux parce qu’elle va plus loin, plus fort parce qu’elle va au delà de la psychologie pour te démontrer la souffrance inculquée à coup de mots plutôt que de marteau.
Des histoires de séquestration, il y en a des milliers tu me diras et tu as raison et pourtant des comme ça, je te promets il n’y en a qu’une.
Elle a osé aller au bout du bout, elle a osé dépasser tous les tabous, tout ce que l’on ne dit jamais sur l’après. Sur cette liberté que l’on croit salvatrice, libératrice et dans laquelle on imagine les victimes heureuses. Elle nous offre un récit d’une réalité crasse qui fait mal et qui pourrait, sans doute, déranger.
Maud encore une fois m’a bousculé, m’a remué…Maud encore une fois m’a donné de l’inoubliable. Merci 🥰
Je n’ai rien de plus à ajouter, simplement parce que les mots me manquent, parce qu’aucun d’entre eux ne peut être à la hauteur d’un tel récit, parce que comme je te l’ai dit, c’est mission impossible.
Je ne peux que te demander de me donner ta main, de me faire confiance, de me suivre et me laisser t’emmener rencontrer les monstres …
Les monstres - Maud Mayeras - Editions Anne Carrière - 299 pages - 2020
Je suis en plein dedans, ma Valérie. Je vais devoir le lire de jour tellement il me flanque la trouille. 😱 Elle tabasse fort Maud. Comme ta chronique. Merci à toi. 🙏🥰
J’aimeAimé par 1 personne
Je comprends tout à fait ce que tu veux dire ! J’ai envie à la fois de te dire courage et en même temps profites en jusqu’à la dernière miette tellement c’est beau ! Tu me rediras quand tu l’as fini ❤
J’aimeJ’aime
Évidemment que je te dirai quand je l’aurai fini, ma Valérie. Mais dans quel état. Je me le demande. 😜 Bon week-end à toi. Des bisous 🥰
J’aimeAimé par 1 personne
Courage 🙂 Plein de bisous aussi ❤
J’aimeJ’aime
Vous êtes tous d’accord, et j’ai cédé à vos recommandations !
J’aimeAimé par 1 personne
Et tu fais bien 🙂
J’aimeJ’aime
Je viens de le finir et je suis debout KO
J’aimeAimé par 1 personne
Ca m’étonne pas ! Ce livre est juste indescriptible tant il est puissant ! Maud est définitivement une de mes auteures préférées 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
moi aussi conquise depuis son tout premier, ça fait un bout de temps maintenant
J’aimeAimé par 1 personne
Idem pour moi et chaque sortie est une véritable fête 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
youki ;-P
J’aimeAimé par 1 personne